Crise du vin francais

Publié le par Benoit FA

Je suis en Bourgogne actuellement, j'en profite pour parler vin. C'est d'ailleurs a la mode actuellement dans la presse, mais plus pour des raisons de sante publique et moins a cause de la crise economique. En aparte: un article scientifique recent infirme  le role du resveratrol dans l'effet “french paradox” (il faudrait boire 500 verres par jour pour une dose significative) mais laisse ce merite a d'autres polyphenols.   

Pour revenir a l'economie, et pour commencer, on dit  souvent que le systeme francais s'oppose au systeme americain car c'est le nom du lieu de production (AOC) sur l'etiquette, pas le cepage. Je constate cependant de plus en plus le nom du cepage en plus des AOC ici en Norvege, surtout en Bourgogne d'ailleurs, et je pense que c'est tres bien pour l'information des acheteurs. L'un complete l'autre.   

Mais la principale opposition est en fait lexicale: c'est l'opposition syteme de marque/systeme d'appellation. Apres tout les deux sont synonymes! Plus precisement, aujourd'hui une apellation signifie une marque sans image donc sans desir d'achat. Au contraire Champagne est une marque, le client achete de la fete et du chic(et un mal de crane)! J'ai aussi des amis qui boivent du “De Rotschild” et imaginent deguster un premier cru classe!   

La theorie des jeux est souvent utilisee en bio mais aussi economie. Le dilemme (ou jeu) du prisonnier en est un classique qui peut s'appliquer aux relations vendeur-client, entre associes, aux contrats en general. A mon avis on peut voir la “supply chain” du vin comme une suite de jeux du prisonnier qui ont chacun une consequence sur le suivant.   

Par exemple promouvoir une apellation demande un effort collectif, a long terme. Dans le cas ideal tout les producteurs investissent pour ameliorer la qualite, la notoriete, etc...et en partagent les benefices. Seulement c'est tout benef' pour le producteur de ne pas prendre de risques, de ne pas respecter les regles de qualite, d'authenticite... et de profiter des efforts des autres. On pourra toujours prevoir un equilibre dynamique entre travailleurs et tricheurs suivant la conjoncture, jusqu'au point ou le prejudice a l'appellation est trop fort. La marque commerciale n'a pas ce handicap puisque c'est un achevement individuel. La marque part avec un avantage conceptuel, une autonomie marketing plus grande, un interet unique, un investissement plus facile.   

Comment compenser cela (je n'ai pas la solution miracle non plus!)? Le repressif, deja en place: renforcer les contraintes de production, durcir les agrements, imposer quelques criteres chimiques basiques, mais en fait essentiellement des obligations de methode. Le marketing ensuite: avoir des capacites de marketing convenables et une vraie strategie de campagne. Mais le plus important c'est de multiplier les projets communautaires, communiquer sur l'identite, partager les objectifs; faire en sorte que la crise ne soit pas necessaire pour rappeller qu'une appellation est la richesse des petits domaines et c'est un patrimoine: ca vit, ca se soigne et ca se partage.   

Et finalement je ne parle pas pour la Bourgogne qui s'en sort relativement bien pour l'instant (meme si deux marques sont souvent necessaires: l'appellation plus le producteur). LVMH l'a bien compris, le roi du sac marronnasse hyper cher, le vendeur de dizaines de millions d'etiquettes celebres, eux qui rachetent a outrance dans les grandes appellations.

Ce n'est jamais le plus fort qui survit; c'est le plus adapte.

Publié dans Actualites

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